Pourquoi la SOLITUDE est l’origine de nombreux problèmes chez le chien ?

Votre chien a des problèmes de comportement ? Il aboie souvent quand vous n’êtes pas là ou a des comportements destructeurs ? Ne cherchez pas trop loin. L’origine de ces problèmes est probablement la solitude. Florent Leydet, éducateur canin et auteur du blog canine, vous explique cela et vous donne des conseils pour rendre votre chien plus heureux.

 La solitude, suzeraine des « phénomènes de destruction, de vocalise et de malpropreté » chez le chien est un sujet pour lequel j’éprouve quelques intranquillités morales. Je sais que ce ne sont pas les seuls aspects sur lesquels j’ai du ressenti, je m’étais déjà exprimé notamment sur les produits antiparasitaires et leurs cortèges de pesticides, mais là n’est pas le sujet…

Concernant la solitude et les manifestations physiques qu’elle peut engendrer, j’aimerais apporter mon point de vue. Non pas qu’une fois encore j’essaye de donner des vérités vraies, mais il me semble que c’est un problème croissant qui, à mon sens, est davantage un problème de société que de chiens.

J’avais lu l’an passé l’ouvrage de John Bradshaw, In defence of dogs (Why Doys needs our understanding, Press NF PB, Penguin, 2012, 352 pages), et j’avoue y avoir trouvé à ce sujet une approche plutôt intéressante de la question. Le chien n’est pas dévolu à l’homme, c’est un compagnon et les profonds changements de notre société l’affectent dans son incapacité (pour certains) à s’adapter au changement aussi rapidement que l’homme peut, lui, abandonner sa liberté au profit du confort.

Que remet-on en cause ?

Le postulat est simple, il ne serait pas éthologiquement normal d’exiger d’un chien qu’il sache rester seul des heures durant car ce n’est pas dans ses fonctions… Avant tout il s’agit d’êtres vivants et non pas de meubles^^, ensuite il est évident que des impératifs de races, de parcours et de génétique influent sur cette capacité. Selon Bradshaw les chiens ayant vécu un abandon ont une capacité à endurer la solitude beaucoup plus faible.

Ce que j’ai pu constater avec mon chien. Il s’agit d’un border et j’ai conscience que je ne peux lui consacrer autant de temps qu’il le mérite (je ne suis pas berger), pourtant nous avons eu l’impératif qu’il sache rester seul. Chose à laquelle il n’a pas su s’adapter et qui l’angoisse encore un peu aujourd’hui, tant et si bien que s’il n’avait pas Caline à ses côtés il serait incapable de supporter la solitude. Non pas une solitude individuelle de corps, mais bien une solitude de lien, d’absence de l’autre, d’absence d’échanges et de sécurité. Il a toujours vécu avec des chiens depuis son plus jeune âge et il ne supporte pas l’absence de groupe. Il est comme ça et la plupart des ouvrages ou lectures sur le sujet ont tendance à définir des solutions claires pour régler ce problème sans prendre en considération l’idée que cela soit impossible sous certaines formes. Je ne dis pas que ce qui a fonctionné pour nous fonctionnera pour d’autres, j’en ai fait l’expérience. Mais seulement qu’employer des méthodes sensées fonctionner sur tous les chiens, c’est un peu exagérer le pouvoir des hommes.

Certains chiens ne seront probablement jamais heureux d’être seuls, même si l’on y parvient.

Pourquoi des problèmes de solitude ?

Les problèmes de la solitude revêtent plusieurs formes liées à trois émotions : la peur, la tristesse et la colère.

Chacune d’elle se traduit par des comportements relativement différents :

Si la tristesse n’exprime quasiment aucun « symptôme », du fait d’un abattement et d’un repli sur soi ; les deux autres émotions sont en général bien plus démonstratives, la peur liée à la rupture du lien social, d’un sentiment d’insécurité ou encore d’une expérience d’abandon provoque chez des chiens anxieux ou dont le rapport social est mal établi des comportements d’angoisse pouvant se manifester par des vocalises, des destructions, des éliminations, etc.

Il est très fréquent que ce genre de comportements soit qualifié d’anxiété de séparation ou d’hyper attachement. Il faut cependant nuancer, l’anxiété de séparation est effectivement l’expression d’un stress lié à la rupture du lien, en revanche il ne s’agit pas nécessairement d’hyper attachement. L’hyper attachement est provoqué par un rapport social déséquilibré entre le chien et son/ses propriétaires qui le plus souvent l’infantilisent et le maintiennent (malgré eux) dans une position maternelle.

La colère qui, selon moi, est presque la plus courante exprime un mécontentement. Je ne parlerais pas de vengeance, qui n’existe pas chez le chien, mais plutôt d’une incompréhension entre notre position et celle de notre chien. Certains chiens sont stressés par nos façons de les quitter ou de les placer au centre de beaucoup d’attentions pour finalement les laisser seuls. Ils pensent simplement qu’il leur est légitime de nous accompagner, c’est un peu comme un abandon dans leur esprit.

Les raisons de ces problèmes sont pourtant connues de tous : nos changements de rythmes de vie et notre approche plus familiale des chiens ont bouleversé leur place au sein des foyers. On exige aujourd’hui des chiens qu’ils sachent rester de plus en plus seuls que ce soit en termes de temps que d’activité. Un certain nombre d’entre eux, les plus fragiles ou à l’inverse les plus déterminés ne parviennent pas – au travers de sélections génétiques et d’évolution- à suivre notre démarche.

C’est pourquoi nous souffrons tout autant qu’eux de ces bouleversements, que ce soit du fait de races inadaptées à notre mode de vie, de caractères incompatibles ou d’une méconnaissance de certains principes. J’écarte volontairement de cet article les pathologies du développement provoquant des troubles de la solitude car ils ne se sont pas liés à la relation.

Heureusement des solutions existent et il n’est jamais vraiment trop tard pour agir.

Quelles solutions ?

Il existe plusieurs solutions bien connues de tous ceux qui parcourent un minimum les sites internet ou qui ont pris des renseignements auprès de professionnels (éducateurs, comportementalistes, clubs, SPA, etc.)

La difficulté est que ces solutions sont souvent globales et ne se suffisent pas toujours à elles-mêmes.

La plus citée de toutes est d’ignorer au départ et au retour afin de ne pas créer d’anticipation de l’excitation et de l’angoisse. Je ne définis pas de délai minimum mais je préfère observer l’état d’apaisement. Si le chien finit par se désintéresser et se calmer du fait que l’on l’ignore alors notre démarche est payante.

Je rappelle la règle des trois P, Pas regarder, Pas toucher, Pas parler. Je dirais que la première, qui consiste à croiser le regard de son chien est essentielle car c’est souvent par là qu’il vous accroche et croit avoir votre attention.

Des exercices de patience comme le « pas bouger » sont très intéressants car ils permettent de faire un lien éducatif et positif entre l’attente ludique et la solitude. Apprendre à attendre dans le temps et l’espace permet d’habituer son chien à ce que nos déplacements soient toujours suivis d’un retour.

Commencez par apprendre à ne pas bouger, éloignez-vous puis revenez, jouez sur le temps et la distance. Ensuite lorsque vous vous éloignez tournez lui le dos jusqu’à pouvoir complètement disparaître de son champ de vision. Faites ensuite le lien entre attendre à l’intérieur du logement et sortir.

Au-delà de la solution en elle-même ce qui est important, c’est de travailler avec son chien et de maîtriser autant que possible une partie de son intérêt et de son obéissance.

Conclusion

Si aujourd’hui la solitude chez le chien est un problème croissant, c’est qu’il faut repenser une partie de notre façon d’aborder les chiens. Vouloir tout exiger d’eux alors que nous les sortons de leur « milieu naturel » ne semble pas très adapté. N’oublions pas ce pour quoi sont fait nos chiens : courir, jouer, s’exprimer, communiquer, etc.

Pensez-y avant d’adopter un chien et réfléchissez bien à votre mode de vie 😉

Cet article invité vous a été proposé par Florent Leydet, éducateur canin et auteur du blog. N’hésitez pas à aller faire un tour sur son blog, vous y découvrirez d’autres conseils très intéressants, notamment sur l’utilisation de certains accessoires pour votre chien.

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